En 1974, le compositeur Claude Michel Schönberg rencontrait un joli succès populaire avec « Le Premier pas », une chanson sur la timidité d’un homme qui espère de l’élue de son cœur « qu’elle fasse le premier pas », mais dans laquelle il ajoute immédiatement « je sais que cela ne se fait pas ». À l’époque, prendre l’initiative en matière de relations amoureuses n’était pas monnaie courante pour les femmes, et celles qui s’y tentaient prenaient le risque d’être illico affublées d’une réputation sulfureuse.
Près de 50 ans plus tard, les femmes abordent avec plus d’aisance l’initiative en matière de séduction, mais de nombreux freins – timidité et manque de confiance notamment – et stéréotypes – peur de passer pour une fille facile par exemple – les empêchent encore de concrétiser dans les faits leur envie de séduire l’autre.
C’est l’un des enseignements de l’étude menée par l’Ifop pour Love Advisor auprès d’un millier de Françaises âgées de plus de 18 ans, d’où il ressort notamment que si près des 2/3 des personnes interrogées ont au moins une fois fait le premier pas, 9 sur 10 préfèrent toutefois que leur partenaire potentiel prenne l’initiative. La fameuse phrase de Jules Renard « l’homme propose, et la femme dispose » est donc toujours bien d’actualité.
Toute l’équipe de Love Advisor vous souhaite une bonne lecture de l’étude. N’hésitez pas à consulter notre comparatif des meilleurs sites de rencontre et notre quizz d’aide au choix interactif, ou encore nos articles rédigés par nos Coachs sur le blog. Nous restons à votre entière disposition si besoin !
La prise d’initiative de la femme considérée « normale » par près de 8 Françaises sur 10
77% des Françaises interrogées estiment qu’il est aujourd’hui normal qu’une femme soit à l’initiative d’un premier rendez-vous amoureux. Un chiffre en légère augmentation (+ 7 points) si l’on se réfère à une enquête réalisée en 1994, qui marque un affranchissement de plus en plus affirmé vis-à-vis de stéréotypes ancrés générations après générations.
Toutefois, et dès lors que l’on rentre dans le détail du profil des répondantes, des différences notables apparaissent en fonction de l’âge et de la catégorie socio-professionnelle : ainsi, la quasi-totalité (96%) des femmes appartenant aux catégories aisées trouvent normal de faire le premier pas contre un peu plus des 3/4 (77%) de celles issues de milieux populaires.
De même, c’est chez les femmes de 30 à 49 ans que la prise d’initiative est la mieux acceptée (83%), les plus jeunes, moins expérimentées, et les plus âgées, plus marquées par les traditions, affichant des taux d’adhésion moins forts.
Près des 2/3 des Françaises ont déjà fait le premier pas…
Être d’accord avec une idée est une chose, la mettre en pratique en est une autre. Si 63% des Françaises interrogées ont déjà abordé au moins une fois quelqu’un qui leur plaisait, 36% agissent rarement de la sorte et seulement 4% indiquent le faire souvent. En la matière, le degré de confiance détermine grandement la capacité à franchir le pas : 80% des femmes se trouvant « très jolies » ont déjà tenté l’expérience contre 55% de celles qui manquent de confiance en elles.
L’âge est également un facteur important, les trentenaires étant bien plus à l’aise (75%) pour se lancer que leurs aînées de plus de 60 ans (55%). Quant au fait d’inviter concrètement un homme ou une femme à un premier rendez-vous amoureux, moins de la moitié (45%) des femmes interrogées s’y sont déjà risquées.
… mais 9 sur 10 préfèrent que les hommes le fassent
Si elles n’ont majoritairement pas de problème avec le concept de faire le premier pas et s’y sont même déjà essayées, il n’en reste pas moins que dans leur écrasante majorité (90%), les femmes préfèrent que ce soit l’homme qui les aborde. Une réalité qui varie relativement d’une génération à l’autre : 84% des Françaises de moins de 30 ans et 93% de celles âgées de plus de 50 ans y adhèrent.
Manque de confiance en soi et peur du « non »
Parmi les arguments invoqués par les femmes n’ayant jamais « dragué » de manière directe un homme ou une femme qui leur plaisait arrivent en tête timidité et manque de confiance en soi (cités par 49% d’entre elles), suivis de près par la peur d’être rejetées (42%). Là encore, les résultats varient considérablement, les femmes se considérant comme « très jolies » n’étant que 14% à évoquer le manque de confiance en elles contrairement à celles qui ne se trouvent pas jolies (61%).
En troisième position des raisons pour lesquelles elles ne tentent pas de séduire de manière directe, les femmes disent pour plus d’un tiers d’entre elles (34%) redouter d’être perçues comme « une fille facile ». Une crainte éprouvée en premier lieu par celles qui ont par ailleurs le plus confiance en elles et qui redoutent le moins d’être rejetées. Sûres de leur potentiel de séduction, elles n’en sont donc pas moins victimes des représentations sexistes et des clichés liés à la prise d’initiative de la part d’une femme en termes de « drague ».
Les sites de rencontre montent en puissance
Par le confort qu’ils offrent – possibilité de consulter de nombreux profils, d’échanger tranquillement avant un premier échange physique, de mettre fin sans encombre à un contact finalement décevant, de surmonter plus facilement sa timidité -, les sites et applications de rencontre connaissent un succès croissant auprès des femmes. L’étude menée par l’Ifop montre que près d’un quart des Françaises (24%) disant avoir déjà « dragué » ont notamment utilisé ce moyen de mise en relation.
Sans surprise, certains contextes favorisent une séduction plus directe : c’est le cas notamment des lieux d’études comme le lycée ou l’université (37%), des fêtes et soirées privées entre amis (29%) ou encore des discothèques (29%).
En revanche, les réunions de familles 13%) ou les mariages (12%) ne semblent guère représenter pour les femmes des moments propices à l’exercice de leur séduction.
Et la galanterie dans tout cela ?
Souvent brocardée, considérée comme en perte de vitesse, la galanterie dite « à la Française » semble pourtant avoir encore de beaux jours devant elle, quand bien même ceux-ci seraient comptés avec l’émergence d’une nouvelle génération plus imperméable à ses codes.
66% des femmes interrogées sont par exemple d’accord avec le fait qu’un homme doive tenir la porte à une femme lorsqu’il entre dans une pièce avec elle, une proportion qui monte à 76% des dames âgées de plus de 50 ans mais n’est plus que de 43% chez leurs cadettes de moins de 30 ans.
Qu’un homme laisse la banquette à la femme qui l’accompagne dans un bar ou un restaurant recueille également l’approbation d’une majorité de la gent féminine (58%), mais est là aussi minoritaire chez les plus jeunes (45%).
Quant au règlement de l’addition, les avis sont plus partagés : un peu plus de la moitié des personnes questionnées (51%) considèrent qu’il revient à l’homme de sortir son portefeuille lors d’un premier rendez-vous et 49% qu’il est normal que les femmes règlent l’addition. Là encore, les plus jeunes se distinguent de leurs aînées en adoptant des opinions différentes – 56% des moins de 30 ans jugent normal de payer l’addition contre 47% de celles de plus de 50 ans.
Les plus jeunes partagent l’addition
Attardons-nous justement quelques instants sur ce moment, parfois gênant voire épineux, de l’arrivée de l’addition lors de la première rencontre amoureuse. Dans les faits, 43% des femmes célibataires déclarent partager le prix du repas ou des consommations en de telles circonstances, laissant donc pour plus de la moitié d’entre elles à la personne avec laquelle elles ont rendez-vous le soin de régler la note. Des données globales qui n’ont pas varié d’un iota en près de 15 ans, ainsi que le montre une précédente enquête de l’Ifop menée sur le même thème en 2007
Ce n’est toutefois pas le cas chez les moins de 30 ans où le partage est la règle pour 56% des jeunes femmes interrogées, alors qu’il chute à 25% chez les femmes âgées de 30 à 49 ans. Autre disparité flagrante : si 78% des femmes appartenant aux catégories aisées déclarent partager l’addition, c’est le cas de seulement 34% de celles issues de milieux populaires.
Le point de vue de Louise Jussian de l’Ifop :
Loin d’être un sujet frivole, les comportements de séduction des femmes revêtent un véritable enjeu pour l’égalité des genres, et font apparaître le constat d’une société encore largement émaillée par un « sexisme bienveillant ». Cette étude nous révèle en effet que les normes de séduction sexistes sont encore ancrées dans l’imaginaire, y compris féminin. La « séduction à la française » incarnée dans les règles de galanterie semble encore occuper une grande place dans les représentations associées à la séduction, notamment dans les rapports hétérosexuels. Toutefois, à l’ère post #MeToo, une friction émerge entre une adhésion persistante aux règles désuètes de galanterie et les signes encourageants d’une prise en main féminine. Il est en effet davantage accepté qu’une femme fasse le premier pas, et elles sont près de deux tiers à l’avoir déjà expérimenté. À la pointe de cette vague d’empowerment féminin, les trentenaires, les femmes ayant le plus confiance en elles ou les plus féministes semblent porter un nouvel idéal de séduction plus égalitaire.
Étude Ifop pour Love Advisor réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 28 au 30 juillet 2021 auprès d’un échantillon de 1 001 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Vous pouvez découvrir l’intégralité de l’enquête en téléchargeant l’analyse ici.